Page:Janin - L’Âne mort, 1842.djvu/277

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travers plusieurs portes fermées ou bien à travers une grande distance. Peu à peu je vis les objets qui erraient dans ma mémoire, tourbillonner en haut et en bas et devenir de moins en moins distincts, puis ils s’en allèrent çà et là, l’un après l’autre, puis enfin ils disparurent tous tout à fait. Je m’endormis.

« Je dormis jusqu’à l’heure qui devait précéder l’exécution. Il était sept heures du matin, lorsqu’un coup frappé à la porte de mon cachot me réveilla. J’entendis le bruit, comme dans un rêve, quelques secondes avant d’être complètement réveillé, et ma première sensation ne fut que l’humeur d’un homme fatigué et qui fait un bon somme, qu’on réveille en sursaut. J’étais las et je voulais dormir encore. Une minute après, les verroux de l’extérieur de mon cachot furent tirés ; un guichetier entra portant une petite lampe ; il était suivi du gardien de la prison et de l’aumônier. Je levai la tête ; un frisson semblable à un choc électrique, à un plongeon subit dans un bain de glace, me parcourut tout le corps. Un coup d’œil avait suffi. Le sommeil s’était éclipsé comme si je n’eusse jamais dormi, comme si jamais plus je ne devais dormir. J’avais le sentiment de ma situation. « Roger, me dit le gardien d’une voix basse mais ferme, il est temps de vous lever ! » L’aumônier me demanda