Page:Janin - L’Âne mort, 1842.djvu/82

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Dans un salon bien éclairé se tenaient des jeunes gens de bonne humeur ; le maître du logis me fit assez bon accueil ; mais, ô ciel ! cette femme à demi couchée sur une chaise longue, c’est Henriette ? elle ici ! Ne dirait-on pas qu’elle est souveraine maîtresse dans ce lieu depuis huit jours ?

La conversation était fort animée et fort gaie, on parlait de tout et très bien ; vous auriez dit une de nos fêtes de chaque soir, et que l’on n’attendait plus que madame Damoreau ou le petit Litz, quand soudain dans l’escalier nous entendîmes des pas sourds, un grand bruit à la porte de l’appartement, les deux battants du salon qui s’ouvrirent : c’était le jeune homme de la Morgue. Il portait le corps de son maître sur ses épaules ; comme il ne trouva rien de préparé pour recevoir le cadavre, il fronça le sourcil, et sur le canapé où était couchée mademoiselle Henriette il plaça son triste fardeau ; ainsi la tête du noyé était sur le même coussin, à côté de la tête de la même fille pour qui et par qui ce malheureux était mort !

Cependant on préparait une table ; cette table était chargée de journaux, de gravures, de musique nouvelle ; il fallut du temps pour la débarrasser de cet encombrement. L’Anglais s’était retourné vers le sofa