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Page:Janin - La Bretagne, 1844.djvu/35

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tagne, la Saintonge, le Poitou ; et il ajoute : « Le centre de ces contrées était la Bretagne, dite par excellence l’Armorique. Lorsque les dieux des Romains et les ordonnances des empereurs eurent chassé des Gaules la religion des druides, elle se retira au fond des bois de la Bretagne, où elle exerça encore longtemps son empire : on croit que le grand collége des druides y fut établi. Ce qu’il y a de certain, c’est que là Bretagne est remplie de pierres druidiques. Pomponius Mela et Strabon placent sur les côtes de la Bretagne l’île de Syane, consacrée au culte des dieux gaulois. »

Il a aussi retrouvé, dans un chapitre de Diodore de Sicile, cet usage des Gaulois d’attacher au cou de leurs chevaux les têtes des ennemis qu’ils ont tués à la guerre. Ils font porter devant eux toutes sortes de dépouilles sanglantes, et ils décorent de ces terribles trophées la porte de leurs maisons. Quant aux forêts des Gaules, elles sont célèbres dans toutes les histoires. Pline, le grand naturaliste, cite avec éloge le chêne, le bouleau, le frêne et l’ormeau des forêts gauloises ; Strabon vante les glands de la Gaule. César et Tacite ont décrit avec complaisance les forêts des Gaules. Dans la langue celte, cel, un mot qui revient à la fin de tous les mots, cel veut dire forêt ; comme aussi, dans Ammien Marcellin, nous trouvons de la femme gauloise le portrait suivant : « La femme gauloise est encore plus forte que son mari ; ses yeux sont encore plus sauvages. Est-elle en colère, sa gorge s’enfle, elle grince des dents ; elle agite ses bras aussi blancs que la neige ; elle porte des coups aussi vigoureux qu’une arme de guerre. » Arrangez donc ce passage avec ce mot-là de Diodore de Sicile : Feminas icet elegantes habeant ! — l’élégance gauloise !

Le cri de Velléda : an gui, l’an neuf, a été retrouvé, par le poëte, dans le livre de Sainte-Foix. Pline l’Ancien, au livre XVI de l’Histoire naturelle, parle du gui druidique ; nous traduisons :

« N’oublions point l’admiration des Gaulois pour le gui. Les druides, tel est le nom de leurs mages, ne voient rien au monde de plus sacré que le gui, et que l’arbre sur lequel il se produit, quand c’est un chêne ; aussi choisissent-ils des bois de chêne, et ne font-ils aucun sacrifice sans avoir des feuilles de cet arbre ; si bien qu’on peut croire que leur nom de druides vient du mot gui, qui signifie chêne. Lors donc qu’ils trouvent la plante parasite sur cet arbre, ils s’imaginent que c’est un présent du ciel, et croient que l’arbre est favorisé des dieux. Le gui se trouve rarement ; aussi ne le cueille-t-on qu’avec un grand appareil religieux, et choisit-on surtout