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Page:Janin - La Bretagne, 1844.djvu/36

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pour cette opération le sixième jour de la lune ; jour par lequel commencent leurs mois et leurs années, ainsi que leurs siècles, qui ne renferment que trente ans. Ils choisissent ce sixième jour, parce qu’alors l’astre, sans être au milieu de son cours, est dans toute sa force d’ascension. Le nom de gui, dans la langue des Gaules, veut dire remède universel. Lorsque les objets nécessaires pour les sacrifices et le banquet sont prêts sous le chêne, ils amènent des taureaux blancs qui n’ont jamais été soumis au joug, et dont les cornes sont liées pour la première fois. Le prêtre, vêtu d’une robée blanche, monte sur l’arbre, tranché avec une serpe d’or le gui, qui est reçu dans un sagum blanc. Ils immolent ensuite les victimes, et prient les dieux de rendre ce don propice à ceux qui le reçoivent. Ils pensent que le gui donne la fécondité à tous les animaux stériles qui le prennent en boisson, et que c’est un contre-poison universel, tant les nations sont promptes à révérer comme divins les objets les plus frivoles. » Dans le dictionnaire franco-celtique du père Rostranem, il est dit, à propos des dolmens : « Lieu des fêtes et des sacrifices ; pierres plates fort communes dans la Bretagne : » Ammien Marcellin parle des bardes en ces termes : « Leurs poëtes, qu’ils appellent bardes ; s’occupent à composer des poëmes propres à leurs cantiques ; ce sont eux-mêmes qui chantent ; sur des instruments presque semblables à nos lyres, des louanges pour les uns et des invectives contre les autres. Ils ont aussi chez eux des philosophes et des théologiens, appelés saronides ; pour lesquels ils sont remplis de vénération… C’est une couture établie parmi eux ; que personne ne sacrifice sans un philosophe ; car, persuadés qué ces sortes d’hommes connaissent parfaitement la nature divine, et qu’ils entrent pour ainsi dire en communication de ses secrets, ils pensent que c’est par leur ministère qu’ils doivent rendre leurs actions de grâces aux dieux, et leur demander les biens qu’ils désirent… Il arrive souvent que lorsque deux armées sont prêtes d’en venir aux mains, ces philosophes se jetant tout à coup au milieu des piques et des épées nues, les combattants apaisent aussitôt leur fureur comme par enchantement et mettent bas les armes. C’est ainsi que même parmi les peuples les plus barbares, la sagesse l’emporte sur la colère, et les Muses sur le dieu Mars. » (Diodore de Sicile, livre V, trad. de Terrasson.)

On ne saurait croire tout l’intérêt de cette histoire des Gaules, même avant qu’il n’y ait une France. La France n’est pas là encore,