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Page:Janin - La Bretagne, 1844.djvu/43

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de Tacite[1]. Mais ils s’en contentent, car ces chevaux sont infatigables et ils auraient honte d’acheter bien cher les beaux coursiers si recherchés par les jeunes et riches sénateurs. Dans la bataille, et quand l’affaire est bien engagée, le cavalier descend souvent de son cheval, qu’il monte sans selle, et il se bat à pied ; ils ne boivent pas de vin. Pour savoir les nouvelles, ils arrêtent quiconque passe dans leur ville, et si vous voulez pénétrer plus avant, répondez à deux questions. L’île de la Grande-Bretagne fournit à ces peuples des auxiliaires toujours prêts à combattre. César, pour visiter la Grande-Bretagne, se porte sur le pays des Morins (le Boulonnois et une partie de la France maritime), il arrive et il trouve toutes les collines couvertes de troupes ennemies. La descente fut difficile et il ne fallut rien moins que le courage et l’habileté de César pour planter ses aigles sur ce rivage. À peine débarqué, et comme il attendait le reste de son armée ; la tempête disperse ses vaisseaux. Tout à coup l’armée romaine voit arriver les sauvages insulaires traînés dans leurs chariots de guerre ; la résistance fut périlleuse, et César lui-même s’estima heureux de rejeter ces hordes terribles dans des forêts qui les avaient vomies. On croirait lire un poëme épique où tout au moins quelque chose qui ressemble à l’invasion de Guillaume le Conquérant. En effet, tout comme le Conquérant, Jules César rend toute justice à l’énergie et au courage des hommes du comté de Kent ; c’est à peu près la même guerre, avec les mêmes incidents. Des deux côtés, c’est la même ardeur à attaquer, la même ardeur à se défendre. Que de noms de peuples aujourd’hui inconnus, que de villes renversées, dont on n’a plus retrouvé même les vestiges ! Mais aussi que de soldats employés à cette guerre dont le nom est resté dans l’histoire ! Tremutius, un des meurtriers de César ; Minutius Plancus, qui devait fonder la ville de Lyon plus tard ; Quintus Cicéron, le frère de l’orateur ; Cneius, le fils du grand Pompée, toute l’histoire romaine se passe à cette heure sur ces rives sauvages. Gloire à nous ! la Gaule est le théâtre sur lequel se portent toutes ces forces réunies. C’est un immense conflit dans lequel l’esprit peut suivre à peine le progrès des vainqueurs, les luttes des vaincus ; mais de cette lutte importante la grande nation française devait surgir.

Nous arrivons ainsi à la résistance de Vercingetorix, ce jeune homme qui s’est généreusement chargé de la vengeance de tant de peuples. À

  1. Equi non fomâ, non velocitate conspicui.  Tacite, Germ. IV.