tout en contemplant Léonore, Louise prêtait l’oreille, et elle entendait son mari célébrer le vin et les amours des courtisanes. Ainsi placée entre ces deux misères, la malheureuse n’hésita plus.
— Voulez-vous, dit-elle à sa sœur, puisque je vous fais tant d’envie, voulez-vous, Léonore, que nous changions de rôle ? Mon boudoir contre votre cellule, mes dentelles contre votre cilice, mon époux que voilà (elle montrait du doigt la salle à manger) contre votre crucifix et cette tête de mort, mes riches habits contre votre robe de bure, ma liberté contre votre esclavage ! le voulez-vous ?
Ici le diable s’arrêta comme s’il eût cherché à se rappeler encore la voix, les gestes, les inflexions suppliantes de Louise. Mais moi, impatient :
— Eh bien lui dis-je, qu’arriva-t-il ?
— Il arriva que Léonore accepta l’échange. Elle se dépouilla de son cilice pour revêtir les habits de Louise, elle rejeta Louise dans