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ALBERT DURER.

cet homme qui, suivant l’expression de l’Écriture, brûlait les âmes comme des torches ardentes jetées sur des gerbes de blé ; et c’était là un grand drame pour ces deux hommes, un drame dans lequel ils jouaient un grand rôle aussi. Longtemps ils prirent parti pour et contre ; longtemps ils discutèrent la doctrine nouvelle, se croyant jusque-là de zélés catholiques, et ne voyant pas que s’abandonner à l’examen c’était déjà appartenir à Luther. Aussi ce qui devait arriver arriva Bilibad Pirkheimer, homme sincère, même avec lui-même, trouva à la fin qu’il était convaincu ; il entra un des premiers dans ce schisme qui devait être si tôt la religion nationale des Allemands. Pour Albert Durer, il lui arriva ce qui devait lui arriver : il fit comme tant d’autres bons esprits, et, voyant quelques-uns s’arranger un christianisme à leur taille, il obéit à sa nature en rassemblant à son usage tout ce qu’il y avait de poésie dans la réforme, restant pour tout le reste catholique et dévouéi