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LES PETITS

trois jours pour que le politique du port de Marseille en lise autant à son lever que n’en peut lire l’honnête ouvrier du quai de la Grève à son second repas.

Or ne croyez pas que cette industrie à part soit à la portée de tous les hommes de ce monde : la petite industrie parisienne n’est faite que pour le Parisien ; il n’y a que le Parisien qui comprenne, qui aime, qui sache apprécier à leur juste valeur tous ces petits marchands ; le petit marchand est un être essentiellement parisien, une nécessite essentiellement parisienne. Il n’y a que le Parisien qui sache arrêter, par une ardente soif d’été, un honnête marchand de coco, qui cause avec lui en essuyant son verre argenté ; lui fasse remplir le verre jusqu’au bord, et qui demande la monnaie de ses dix centimes après avoir bu et causé pour deux sous au moins avec l’honnête marchand de coco. Le marchand de coco, bon enfant, sourit agréablement au Parisien, lui rend deux centimes sur cinq, et,