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LES INFLUENCES DE LA PLUME DE FER

presser ce fer, qui crie et qui crache tout autour de votre pensée. Ainsi dans la plume de fer (plume et fer ! Il faut déjà faire hurler deux mots de notre langue pour parler de cette affreuse machine !) tout est rude, triste, sévère ; froid au regard, froid à la main. Ainsi armé, il vous semble impossible que vous puissiez accomplir quelque chose de grand, de noble, de généreux, d’humain. Pour ma part écrire une chose honnête avec ces horribles morceaux de fer, ou boire un honnête et frétillant vin de Champagne dans la coupe des Borgia, ce serait la même tâche, c’est-à-dire une tâche impossible ; et je vous crois de trop honnêtes gens pour douter un seul instant que vous soyez de mon avis.

Mais la plume d’oie au contraire, voilà une facile, bienveillante et bien-aimée confidente de nos pensées les plus chères ! Rien qu’à la voir je me sens réjoui jusqu’au fond de l’âme. Cette plume, c’est en effet le duvet sur lequel se joue la pensée qui vient de naître, comme