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les mémoires

d’apprendre tes poëmes par cœur ! Abandonne ces tristes labeurs à ces écrivains tristes et sobres qui passent leurs nuits à la clarté douteuse de la lampe. Pour toi, continue de répandre dans tes écrits les grâces du sel romain ; reste toujours le peintre fidèle des mœurs de ton siècle. Qu’importe que tes chants s’échappent d’un simple chalumeau si le chalumeau l’emporte sur les trompettes ?

Oui, ma muse a raison : restons le poëte des jeunes gens fougueux, des belles femmes galantes, des esprits rieurs, des élégants de Rome ; flattons tour à tour la beauté et la jeunesse et narguons les censeurs ! D’ailleurs mes différents livres d’épigrammes ne se ressemblent guère : ce n’est pas seulement aux oisifs de la ville et aux oreilles inoccupées que s’adressent mes écrits ; ils sont lus aussi par l’austère centurion que Mars réunit sous les drapeaux au milieu des glaces de la Gétie ; les Bretons récitent mes vers ; j’en ai fait que la femme de Caton elle-même et les austères