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Page:Janin - Les catacombes, tome 4.djvu/53

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le livre

cette boutique obscure, au milieu de ses fleurs cachées comme elle, elle devinait, elle prévoyait, elle savait plus de mystères à elle seule que tous les philosophes, tous les politiques, tous les moralistes de ce temps-ci.

Cette profonde connaissance du cœur humain, qui lui était ainsi venue en arrosant ses œillets et ses roses, avait donc rendu Mme Prevost, non pas défiante, mais timide et réservée ; elle était si accoutumée à voir une trahison, même dans une rose blanche, qu’elle se tenait éloignée des hommes. Elle était polie pour tous, mais rien de plus ; elle les tenait à distance comme des menteurs et des traîtres qui mentent et qui trahissent à l’abri des plus charmantes couleurs. Cette profanation de chaque jour lui faisait peine à l’âme ; souvent elle se prenait à soupirer en songeant que ces belles fleurs qu’elle arrangeait avec tant d’amour n’étaient pourtant que la monnaie courante des trahisons élégantes. Elle songeait aussi à toutes les épines cachées même