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de madame prevost.

dans ces violettes, à toutes les larmes contenues dans ces marguerites, à toutes les douleurs dont ces modestes confidentes allaient entendre le secret ; si bien, encore une fois, que Mme Prevost, dans son mépris pour les uns, dans sa pitié pour les autres, ne voulait voir ni ceux-ci ni ceux-là, et qu’elle vivait seule au milieu de la foule. Et d’ailleurs, hormis quelques esprits singuliers, qui eût songé à conquérir l’amitié d’une femme âgée qui faisait et qui vendait des bouquets ?

Je connaissais Mme Prevost depuis quinze ans, et je l’avais connue dans une circonstance très-importante de ma vie : c’était le soir, soirée solennelle ! où pour la première fois j’eus le bonheur et l’honneur de mener une femme de théâtre au Théâtre-Français. Ma femme de théâtre, il est vrai, n’était pas des plus renommées, non plus que son théâtre ; mais enfin elle montait sur les planches, elle mettait du rouge, son nom était sur l’affiche : c’était bien quelque chose. Aussi ce soir-là