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de madame prevost.

de ce bouquet un brin de serpolet en fleurs. Moi je la regardais faire ; elle cependant m’expliquait tout ce mystère.

— Il est impossible, disait-elle, que madame de Melcy ne choisisse pas ce soir ce bouquet-là parmi les trois bouquets qu’elle va recevoir. Le premier est un bouquet de bouchère à grosses fleurs rouges : si une femme le portait au bal, elle aurait l’air d’avoir trop bu ; le second bouquet est trop blanc pour une jeune femme langoureuse et pâle comme est madame de Melcy ; celui-ci, au contraire, est vif, animé, modeste ; il ne ressemble à nul autre, il est frais, il est gracieux : il sera porté ce soir… N’êtes-vous pas comme moi, ne protégez-vous pas ce petit jeune homme ? ajouta-t-elle en riant.

— À demain, lui dis-je.

— Et que ferez-vous ce soir ? reprit-elle.

— Je vais à l’Opéra.

— Grand bien vous fasse ! Voulez-vous un bouquet, mais un vrai bouquet cette fois, pour jeter de notre part à mademoiselle Taglioni ?