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les deux frères

Nos jeunes gens passèrent donc une belle année dans ce beau lieu ; ils étudièrent de toutes leurs forces ces grands chefs-d’œuvre dont nous n’avions qu’un usufruit d’un jour ; ils dessinèrent beaucoup surtout, car les Johannot ont été convaincus de bonne heure de la nécessité du dessin, et de la nécessité de l’étude, et de la réserve avec laquelle on devait tenir son enthousiasme en bride. Un jour qu’Alfred était occupé à dessiner, un homme passa près de lui, se pencha sur son dessin et le regarda avec des yeux d’aigle. En se relevant il donna un petit soufflet sur la joue d’Alfred. C’était le soufflet de l’Empereur, c’était la main de l’Empereur, c’était un rayon qui tombait d’en haut sur cet enfant prosterné aux pieds des chefs-d’œuvre, et que l’empereur Napoléon traitait familièrement comme il eût traité un héros de la grande armée, tant cet homme avait d’instinct !

Ils ne restèrent pas longtemps en France : leur père fut rappelé par ses fonctions en Al-