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Page:Jannet - Le capital, la spéculation et la finance au XIXe siècle, 1892.djvu/125

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marché universel de l’argent correspond au développement du système économique général du monde, qui se superpose aux différents systèmes économiques nationaux et les domine de plus en plus. M. de Molinari a décrit cette transformation d’une manière très remarquable :

Si nous nous reportons à un siècle ou deux en arrière, nous nous trouverons en présence d’un marché des capitaux non moins morcelé que celui des produits. Sauf dans un petit nombre de centres commerciaux, ce marché même n’existe pas. Dans les campagnes comme dans les villes, le taux de l’intérêt varie d’une localité à une autre ; il n’y a entre les producteurs de capitaux et les consommateurs que des intermédiaires isolés, petits banquiers ou usuriers qui récoltent les épargnes locales et les prêtent dans le court rayon de leur marché, le plus souvent en fixant à leur gré les conditions du prêt, en raison du degré d’intensité du besoin ou d’imprévoyance de l’emprunteur. L’engagement des capitaux à distance est l’exception. Aujourd’hui, combien la situation est différente !Une partie de l’épargne annuelle est employée directement au développement des affaires des épargneurs ou conservée par eux improductive, en attendant que les éventualités en vue desquelles ils ont économisé une partie de leur revenu, la naissance et l’éducation des enfants, la maladie, la vieillesse, etc., viennent à échoir. Cette portion de l’épargne annuelle est généralement employée dans la localité même où elle a été faite. Mais une autre partie, — et celle-ci l’emporte de plus en plus sur celle-là, — est recueillie par une série d’intermédiaires, dont le nombre et l’importance vont croissant, caisses d’épargnes, banques générales ou spéciales, immobilières ou mobilières, et distribuée par eux aussi bien au dehors qu’au dedans des frontières de chaque État. Certains pays, ceux où l’épargne est particulièrement féconde, où la production des capitaux est abondante, en exportent plus qu’ils n’en importent : telles sont l’Angleterre, la France, la Suisse, la Hollande. Certains autres en importent plus qu’ils n’en exportent : telles sont la Russie, l’Espagne, l’Italie et la plupart des pays extra-européens.

Sur toute la surface du globe, mais surtout dans les pays neufs où la production des capitaux ne suffit pas à la demande, vous trouvez des entreprises fondées et alimentées les unes en partie, les autres en totalité par les capitaux étrangers. Des bourses ou marchés de valeurs mobilières sont mises par le télégraphe en communication instantanée. En réalité, l’obstacle des distances se trouvant ainsi supprimé, les bourses de Londres, de Paris, de Berlin, de