Page:Jannet - Le capital, la spéculation et la finance au XIXe siècle, 1892.djvu/13

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INTRODUCTION

D’après les économistes, la richesse se forme peu à peu par l’occupation des territoires nouveaux, par le défrichement du sol, par l’invention scientifique, par l’épargne des producteurs, qui, au lieu de consommer tous les produits dont ils ont la disposition, en emploient une partie à constituer des capitaux et à accroître la puissance de l’industrie. Les riches d’aujourd’hui sont les fils ou les petits-fils des travailleurs d’hier, et c’est au nom même des droits du travail qu’on doit revendiquer la protection de la loi pour leur propriété.

A ce tableau les socialistes reprochent d’être une conception idéale et a priori. Dans le passé la richesse s’est constituée surtout par la conquête, par la spoliation violente ou par une législation de classes qui transportait à des privilégiés le produit des sueurs du peuple. Dans le présent, ajoutent-ils, les travailleurs continuent à être spoliés des fruits de leur travail dans des proportions plus grandes encore par les exploitations du capital, par les accaparements et les spéculations qui se produisent sur les marchés et les bourses, par les razzias que la Haute-Banque opère périodiquement aux dépens des petits et des moyens. Ces faits ne condamnent-ils pas l’état économique dans lequel de telles spoliations sont possibles, et