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Page:Jannet - Le capital, la spéculation et la finance au XIXe siècle, 1892.djvu/23

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la multiplication des capitaux peuvent être obtenues seulement grâce à l’effort énergique d’un grand nombre d’hommes jusqu’au dernier jour de leur existence pour conquérir cette condition plus heureuse décrite par Cicéron en ces deux mots otium cum dignitate, ou tout au moins pour l’assurer à leurs descendants. Voilà pourquoi mieux la législation civile garantit la propriété individuelle et sa transmission héréditaire, plus le total des richesses s’accroît. Toute limitation posée à l’accumulation de la richesse individuelle, — si d’ailleurs la justice est observée, — ne pourrait que diminuer la somme des efforts utiles dont la société bénéficie (§3).

II. — La richesse d’un nombre relativement petit d’individus chez les peuples modernes n’empire nullement la condition des autres membres de la société, des prolétaires, pour trancher le mot. Non seulement ceux-ci n’en sont pas plus pauvres ; mais ils sont à même de tirer un parti plus avantageux de leurs bras et de leurs aptitudes personnelles. C’est toujours dans les foyers de la richesse que les salaires sont les plus élevés.

Toutefois, la répartition inégale de la richesse n’est-elle pas un obstacle au développement de la population, ou, en d’autres termes, un plus grand nombre d’hommes ne pourraient-ils pas vivre sur une somme donnée de produits, si les biens étaient partagés également ?Les socialistes le prétendent et c’est un préjugé très répandu[1]. La meilleure réfutation de cette allégation est assurément l’accroissement des populations appartenant au groupe de la civilisation occidentale depuis un siècle, où précisément toutes les barrières à l’essor des individualités ont été abaissées, et la comparaison de ce rapide accroissement à la lenteur de l’augmentation du nombre des hommes dans les âges précédents. Mais la question est assez importante pour qu’il vaille aussi la peine de la résoudre par l’analyse économique. [fin page2-3]

  1. V. les littérateurs cités par M. de Laveleye, qui s’approprie leurs idées dans les Principes d’économie politique (Hachette, 1882), p. 265. — Cpr. l’ouvrage du même auteur Luxury (London, 1890, Sivan and Sonnenschein).