Page:Jannet - Le capital, la spéculation et la finance au XIXe siècle, 1892.djvu/467

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taxes qu’il encourut et les fluctuations de valeurs qui le mirent en banqueroute partielle et ruinèrent les banques qu’il avait à Lyon et à Genève, il avait encore à sa mort une fortune de 35 millions. Le président Hénault en parle comme d’un homme glorieux, mais très généreux et vraiment patriote. Il avait épousé MIle de Saint-Chamans et il maria sa fille à M. Molé : ses petites-filles épousèrent le duc d’Uzès, le duc de Roquelaure, le marquis de Clermont-Tonnerre, le marquis de Faublas, le marquis de Mirepoix. Son fils aîné, le comte de Coubert, surintendant de la maison de la Reine, finit par faire banqueroute en 1753.

Les quatre frères Paris, fils d’un aubergiste dauphinois, avaient été banquiers de la Cour sous Louis XIV. Le plus capable de tous, Paris-Duvernay, fut chargé, en 1716, de la révision des effets royaux. Adversaire clairvoyant de Law, sa position grandit encore après la chute du Système et il fit prévaloir la règle que l’État ne peut obtenir de crédit que par une exacte fidélité à tenir les engagements du Trésor. Le fils de son frère, Paris-Montmartel, connu sous le nom de marquis de Brunoy, épousa une fille du duc des Cars et se ruina.

Richelieu notait les alliances des Traitants avec les grandes familles. La Bruyère, dans le chapitre sur les Biens de fortune, met en scène ces anciens partisans chez qui le ridicule survivait à l’enrichissement et il ajoute ce trait pris sur le vif des mœurs contemporaines : « Si le financier manque son coup, les courtisans disent de lui : c’est un bourgeois, un homme de rien, un malotru ; s’il réussit, ils lui demandent sa fille. » M. Ernest Bertin a recueilli une foule de traits relatifs à la Finance de cette époque et à ses alliances avec la noblesse, dans son livre les Mariages dans l’ancienne société française. En réalité il n’est guère de grande famille qui n’ait dans ses aïeux quelque financier de l’ancien régime. Leurs filles étaient recherchées avec empressement par la plus haute noblesse. Quant à leurs fils, ils se gardaient, pour la plupart, de continuer leurs affaires. Ils prenaient le titre d’une seigneurie quelconque, vivaient noblement et