Page:Jannet - Le capital, la spéculation et la finance au XIXe siècle, 1892.djvu/544

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des grands marchés financiers du monde, parce que le développement des exportations allemandes et des grandes industries du pays a amené la constitution de capitaux disponibles assez importants. Le gouvernement ayant peu emprunté, au moins jusqu’à ces dernières années (chap. x, § 5), l’épargne du pays s’est engagée dans les fonds étrangers qui lui offraient des intérêts élevés. Les valeurs autrichiennes, les fonds russes, italiens, Scandinaves et en dernier lieu les fonds mexicains et serbes, voire les emprunts chinois, ont trouvé successivement bon accueil à Berlin et sur les autres places allemandes. En 1890, on ne cotait pas moins de 1.200 valeurs à la Bourse de Berlin. Ses règlements très libéraux sur l’admission à la cote des valeurs étrangères et les droits fiscaux beaucoup moindres que ceux qui existent en France sur les valeurs mobilières sont pour beaucoup dans ce résultat[1]. Le prince de Bismarck a compris le parti que sa politique pouvait tirer de cette extension du patronage financier de Berlin. Néanmoins, le marché allemand étant de date plus récente n’a pas la solidité de ceux de Londres et de Paris, et, après une période de grande excitation de 1887 à 1890, il est retombé au troisième rang, le seul qui lui appartienne.

Les autres bourses du continent, Hambourg, Amsterdam, Bruxelles, Bâle, Genève, suivent forcément les mouvements des trois grands marchés financiers. Bruxelles et Genève évoluent dans l’orbite de Paris, tandis que les bourses de la Suisse allemande gravitent autour de Francfort[2]. Vienne, il y a peu d’années encore, était dans la dépendance des marchés

  1. V. J. Siegfried et Raphaël-Lévy, Du relèvement du marché financier français (Guillaumin, 1890) et l’Economiste français du 24 novembre 1888. La matière est réglée en France, actuellement par l’art. 9 de la loi du 23 juin 1857 et le décret du 6 février 1880.
  2. En 1890 et 1891, M. Goldberger, de Berlin, directeur de l’Internationale Bank, a créé plusieurs banques à Milan, à Saint-Gall, à Zurich, à l’aide desquelles il accapara les actions des chemins de fer du Jura, de la Suisse occidentale et du Central-Suisse. Il avait revendu les premières avec un gros profit à la Confédération ; mais le peuple a repoussé la vente des actions du Central-Suisse. Il s’en est suivi en décembre 1891 un krach qui a emporté une demi-douzaine de banques de la Suisse allemande. V. le Soleil du 11 décembre 1891 et 1er janvier 1892 et l’Economiste français du 16 janvier 1892.