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Page:Jannet - Le capital, la spéculation et la finance au XIXe siècle, 1892.djvu/616

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connaissances économiques du public pour qu’un créancier fût content en recevant 80.000 francs, quand il en a prêté 100.000, et réciproquement qu’un débiteur payât de bonne grâce 110.000 francs au lieu des 100.000 reçus, dans les hypothèses posées plus haut. Pendant longtemps les préjugés y feraient obstacle, et peut-être ces préjugés seraient-ils l’expression d’une sagesse populaire plus sûre que la science (§ 17) ! Pour remédier à cette difficulté psychologique, M. Simon Newcomb a proposé, en 1879, dans la North American Review, que le gouvernement fît frapper chaque année des dollars, dont le poids augmenterait quand l’or se déprécierait, et diminuerait quand la valeur de l’or hausserait. Mieux encore, le gouvernement émettrait des dollars de papier, basés sur un dépôt effectif de monnaie et qui donneraient droit à une quantité de métal en rapport avec la valeur actuelle de l’or.

XVI. — Tous ces projets cherchent à mesurer les variations dans la puissance d’acquisition de la monnaie et à exécuter les contrats anciens en tenant compte de ces variations, tout comme elles s’appliquent d’elles-mêmes aux transactions actuelles au fur et à mesure que de nouveaux échanges se concluent.

Autre est le plan de règlement de la monnaie universelle, élaboré par M. Walras, professeur à l’Université de Lausanne, l’auteur d’ingénieuses études sur l’application des mathématiques à la science économique[1]. Cette fois, il n’est question de rien moins que de régulariser les variations de prix provenant des fluctuations dans la puissance d’acquisition de la monnaie et des changements dans la richesse sociale, de manière à ne plus laisser subsister que les variations particulières de prix provenant d’un progrès ou d’un recul dans les conditions de production de telle ou telle marchandise[2].

L’exécution de ce plan suppose comme condition préalable l’entente de tous les États civilisés qui sont en communication commerciale ; car, si l’un d’eux voulait tenter isolément l’expérience, il en serait infailliblement la victime. En supposant donc que tous les États se seront liés par une union monétaire universelle perpétuelle, et qu’ils auront délégué leurs droits régaliens en cette matière à un Office monétaire international, voici ce que devra faire cet Office :

1° Il recueillera la statistique des prix des marchandises prises pour types sur tous les marchés du monde et en déduira, suivant les méthodes les plus perfectionnées, les variations annuelles de la puissance d’acquisition de l’or ;

2° Les particuliers conserveront le droit de faire frapper librement

  1. Eléments d’économie politique pure (2e édit. Lausanne et Paris, Guillaumin, 1889).
  2. Théorie de la monnaie, 1 vol. in-12. Lausanne et Paris (Larose et Forcel), 1886.