Aller au contenu

Page:Jannet - Le capital, la spéculation et la finance au XIXe siècle, 1892.djvu/76

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

bénéfice de celle-ci en s’attachant de bons collaborateurs.

C’est une opinion assez vraisemblable qu’après la mise en valeur des territoires de l’Europe et de l’Amérique du Nord accomplie en ce siècle et la constitution de la grande industrie telle que nous la voyons aujourd’hui, les profits d’entreprise diminueront et que les fortunes extraordinaires par leur importance et leur rapidité deviendront de plus en plus rares. Ce n’est guère que dans les branches nouvelles du commerce et de l’industrie que les profits d’entreprise sont considérables. Quand un genre de manufactures ou de commerce, est connu, la concurrence, qui s’y produit, amène la réduction des profits au minimum. De plus, il semble y avoir une relation entre le taux des profits et le taux de l’intérêt. Celui-ci baissant sans cesse, il en est de même des profits dans les branches d’industrie anciennement exploitées[1]. Il est toutefois à croire que l’Amérique du Sud, l’Afrique, l’Extrême-Orient réservent des champs nouveaux non moins féconds aux conceptions hardies et aux volontés qui savent les réaliser. Mais cette question est étrangère à notre sujet. Nous avons à étudier surtout le rôle croissant du capital dans les entreprises manufacturières.

IV. — Ce que visent surtout les récriminations contre la production capitalistique et la féodalité industrielle, c’est la part prélevée sur les produits des mines et des manufactures par les entrepreneurs et les capitalistes. Ici les laudatores temporis acti s’unissent aux collectivistes pour célébrer le temps où l’ouvrier n’avait point de tribut à payer au capital, où, au lieu de dépendre de la machine, il avait un salaire équivalent au prix du produit et réalisait ainsi sans luttes la fameuse théorie du produit intégral au travailleur.

Si l’on va au fond des choses, on voit qu’à toutes les époques le capital a manifesté l’importance de son rôle par la part qu’il a prélevée sur les produits auxquels il avait concouru.

  1. V. ces considérations longuement développées par M. P. Leroy-Beaulieu, de La Répartition des richesses et de la tendance à une moindre inégalité des conditions (1881), pp. 305 et suiv.