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Page:Jannet - Le capital, la spéculation et la finance au XIXe siècle, 1892.djvu/78

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Ils peuvent retrouver encore de nos jours cet état de choses dans l’industrie des peintres en bâtiment. Dans un mètre de peinture, la main-d’œuvre entre pour 95 p. 100 ; le capital, — un pinceau, un peu de couleur et un pot de colle, — représente tout au plus 5 p. 100. Transportez-vous au contraire dans une de nos grandes usines et vous verrez combien est important le rôle joué par les machines, par la direction technique, par la combinaison des approvisionnements et des débouchés : la main-d’œuvre ne contribue au produit que pour une proportion bien moindre ; par conséquent la valeur intégrale du produit ne peut revenir aux ouvriers. La majeure partie du prix de la locomotive montée au Creusot ou du canon fondu aux Aciéries de France devra reconstituer et rémunérer le capital.

Voilà en deux mots la raison pour laquelle l’ouvrier ne peut avec le prix de sa journée racheter le produit, nous ne disons pas qu’il a créé, mais à la création duquel il a concouru. Cette faculté de rachat ne pourrait exister que pour les produits de la chasse ou de la pêche du sauvage.

Voilà aussi l’explication de ce mirage mathématique d’après lequel le tant pour cent, la proportion prélevée par les salaires sur les produits industriels, va en diminuant plus l’outillage se développe. L’essentiel est que la quantité des salaires distribués et le salaire effectif de chaque ouvrier s’élèvent ; or, il en est ainsi, comme le prouvent les millions d’êtres humains vivant en Europe du travail des mines, des usines, des manufactures sans que le total des individus vivant de l’agriculture ait beaucoup diminué dans l’ensemble.