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Page:Jannet - Le capital, la spéculation et la finance au XIXe siècle, 1892.djvu/84

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particuliers, chacun aurait seulement 360 dollars 15 cents ; les ouvriers perdraient donc un dollar et demi, comparativement à leurs salaires actuels ; ce sont les patrons et les commanditaires des établissements en perte qui bénéficieraient de ce mode de répartition ; dans les établissements exploités par des sociétés anonymes, chaque ouvrier ou actionnaire recevrait 334 dollars 57 cents, soit un gain net, pour l’ouvrier, de 1 dollar 35 par an !

Si l’on voulait augmenter sensiblement la part des ouvriers, il faudrait priver de toute rémunération les capitalistes pour leurs capitaux et les entrepreneurs pour leur travail personnel et partager entre les travailleurs manuels exclusivement les produits bruts, c’est-à-dire ne plus faire aucune déduction pour l’amortissement de l’outillage, les frais commerciaux, les mauvaises créances, les travaux nouveaux ! La part des ouvriers ne serait encore augmentée que de 54,37 pour 100 dans l’ensemble.

On voit par là quels seraient les résultats de l’application des théories collectivistes de la mine au mineur, de l’usine à l’ouvrier. Ou bien la condition des travailleurs manuels ne serait pas améliorée, et il ne vaudrait pas la peine d’avoir changé de régime économique ; ou bien ils recevraient une part plus forte, et alors ils tueraient toute industrie et détruiraient en moins de deux ans toutes les accumulations du capital qui rendent le travail possible.

Un écrivain socialiste prétendait que les manufacturiers du Massachussetts, l’un dans l’autre, pouvaient reconstituer tous les quatre ans leur capital en accumulant leurs profits : en réalité, ils ne pourraient le reconstituer ainsi qu’au bout de vingt et un ans, en supposant qu’ils se privassent d’en dépenser la moindre part pour leur usage personnel.

Quelques établissements prospères pourraient sans doute beaucoup plus faire pour leurs ouvriers et c’est ici que les notions morales interviennent ; mais si la loi prétendait imposer à tous les établissements une augmentation appréciable des salaires actuels, elle tuerait absolument l’industrie.