Aller au contenu

Page:Jannet - Le capital, la spéculation et la finance au XIXe siècle, 1892.djvu/88

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

précisément à cause de l’importance de son outillage, que l’inaction détériorerait. Voilà pourquoi le chômage absolu y est très rare. On se borne, dans les temps de dépression, à réduire le personnel en éliminant les ouvriers nomades ou à travailler à demi-temps. N’est-il pas frappant de voir qu’après le désastre de la Société des Métaux toutes ses usines ont continué à fonctionner pour le compte de la liquidation ? L’ouvrier n’a pas ressenti le contre-coup de cette catastrophe[1]. Dans sa déposition faite en 1884 devant la commission d’enquête dite des 44, M. Haas, le plus important fabricant chapelier de France, exprimait ainsi la nécessité de la production en grand pour son industrie et les avantages qui en résultaient pour les ouvriers :

Les affaires d’exportation se traitent avec des bénéfices insignifiants, quand ce n’est pas à perte ; elles contribuent, il est vrai, à amortir les frais généraux par l’augmentation de la production. Les fabricants ont un intérêt primordial à conserver des débouchés, qui leur permettent d’occuper leur personnel en morte saison. Il s’agit de garder ses ouvriers et l’ensemble d’organisation de son travail, ce qui constitue en quelque sorte le patrimoine d’une usine. Aucun sacrifice ne leur coûte pour aboutir à ce résultat. Nous nous contentons, dans ce cas, du bénéfice que peut donner le marché intérieur.

Dans la petite industrie, au contraire, là surtout où l’ouvrier travaille à son compte et est propriétaire de son métier, les chômages sont instantanés, les fabricants cessant de distribuer le travail dès que les commandes s’arrêtent. C’est là un fait que l’on peut vérifier dans la région lyonnaise et dans beaucoup d’industries parisiennes organisées sur la base de la fabrique collective.

Les inconvénients de l’agglomération des ouvriers dans le régime de la grande industrie sont donc contrebalancés par

  1. Même à Terrenoire, le travail des mines et des forges n’a pas cessé après la faillite de la Compagnie en 1887. Les ouvriers auraient peu souffert, si la Compagnie n’eût commis la faute insigne de confondre dans son fonds de roulement le capital des caisses de secours et de pensions.