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Page:Jarry - Les Minutes de sable mémorial, 1932.djvu/128

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LES MINUTES


Ces paroles ouïes — nous étions quatre — deux chantèrent, deux dormirent bercés, et à mon réveil, seul humain sur terre, j’écrivis :

« Qu’il est doux leur chant ! Qu’ils chantent bien avec un mort et un vampire pour auditeurs ! Deux jours et deux nuits ils ont chanté, et les spasmes de l’agonisant marquaient des pauses. Le couple a chanté en mesure. D’abord le mâle a expiré un son de fldte ou de hautbois, tenant une note toujours la même. Et sa femelle un ton plus bas lui a répondu de sa voix de velours. Où donc ai-je entendu ce chant, depuis le jour où le cou rompu roucoula, depuis le jour où du crapaud aux mains pentagrammatiques s’éteignit la voix, pour s’être plongé malgré mes avis dans un marais glacé ? »


Hiboux, séraphiques hiboux, je ne puis désormais entendre votre chant : le cadavre en putréfaction empeste la chambre mortuaire, et il y a assez de chair pour que l’odeur reste longtemps. — Je vous ai pourtant octroyé à chacun un des yeux, rond dans les griffes, pour salaire. — Qui donc a jeté dans ce lit cette momie jaune, dont je ne puis