Page:Jaurès - Action socialiste I.djvu/142

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mais en dehors de son ingérence ». C’est pour la pensée de M. de Mun un recul évident.

Ce n’est pas par de pareilles incertitudes et une politique aussi fuyante que la papauté ressaisira le cœur des peuples. Elle ne pouvait les rappeler à soi que par une grande audace sociale, persévérante et obstinée. Et, au contraire, c’est une diplomatie changeante et flottante qui essaie, mais en vain, de séduire les multitudes, sans rompre avec les catholiques conservateurs.

Chose curieuse : Léon XIII n’a pas réussi par son Encyclique à entraîner le clergé : les théologiens ont démontré doctement que le pape, dans l’Encyclique, n’avait pas parlé précisément comme pape, et que les fidèles n’étaient pas tenus à le suivre ; les évêques ont fait le silence, autant qu’il était en eux, sur l’Encyclique, et le plus militant d’entre eux, M. Freppel, en a été l’adversaire public avant sa promulgation, et, depuis, l’adversaire secret, mais agissant. M. de Mun, après l’Encyclique, l’emportait sur M. Freppel, et maintenant, c’est M. Freppel qui a raison, au moins pour un temps, de M. de Mun. Il n’y avait pas d’évêques au pèlerinage ouvrier.

C’est ainsi qu’entre les résistances sourdes du clergé et des conservateurs catholiques que toute parole novatrice effraie, et les aspirations puissantes des peuples qui ne se contentent pas d’un demi-vouloir et