Page:Jaurès - Action socialiste I.djvu/177

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

dans les chaires, les livres et les journaux, de défendre sa doctrine ? Veut-elle que l’on bâillonne les incroyants ? Ce ne serait pas seulement tuer l’homme, qui n’est que par la liberté, ce serait tuer le christianisme lui-même, qui, sans la liberté absolue de la pensée et de la vie intérieure, n’est plus que tyrannie et mensonge, c’est-à-dire néant.

L’Église veut-elle que nous livrions l’enseignement public, l’enseignement de la nation, à ses ministres et à ses dogmes ? Ce serait encore un crime contre la liberté ; car la conscience n’est libre que quand la raison est libre ; et la raison n’est libre que lorsqu’elle est exercée en tous sens : la comprimer, avant qu’elle soit adulte et maîtresse de soi, sous une formule exclusive, sous un dogme impérieux pour qui la libre discussion est scandale, c’est l’asservir.

Sans doute, il faut bien que l’enseignement public, comme tout enseignement, s’appuie sur une doctrine : mais ce que la doctrine de l’enseignement public, selon l’esprit de la Révolution, a d’admirable, c’est qu’elle met au-dessus de tout la liberté : c’est par la liberté que l’homme vaut, et la liberté est en un sens l’absolu ; c’est la seule doctrine qui ne soit pas contraire à la liberté, car elle se confond avec la liberté elle-même.

Dès lors, nous pouvons cultiver, dans l’âme de l’enfant, toutes les puissances : par les sciences mathématiques, nous lui donnons l’idée de l’évidence et de la