Page:Jaurès - Action socialiste I.djvu/215

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la médiocrité des universités et des collèges de l’ancien régime pendant tout le dix-huitième siècle ?

C’est que l’enseignement de l’ancien régime, pendant tout le dix-huitième siècle, est resté un enseignement purement scolastique, un enseignement fermé à la vie environnante et dans lequel n’ont pénétré ni les grands progrès contemporains des sciences naturelles, ni l’esprit critique qui s’appliquait à la politique, à la religion et aux idées sociales. En sorte que ce qui a marqué, dans l’ordre de l’enseignement, l’œuvre de la Révolution française, ç’a été précisément d’arracher les universités et les collèges de l’ancien régime à cette méthode scolastique surannée, et de les faire sortir en quelque sorte de leur cloître laïque pour les mêler à toutes les idées critiques du siècle, à tous les progrès de la science, à ce mouvement de l’esprit de liberté et de justice de notre pays. Voilà quelle a été la conception de l’Université sous la Révolution française.

C’est là — vous ne pouvez pas le contester — ce qui a fait la grandeur du rôle de l’Université : c’est que sous tous les régimes, sans s’asservir aux formules gouvernementales qui passaient, elle s’est mêlée à tous les mouvements de liberté ; c’est que, sous la Restauration, il a fallu fermer l’École normale connue suspecte de libéralisme, frapper les maîtres qui, dans les chaires de la Sorbonne, inquiétaient le gouvernement