Page:Jaurès - Action socialiste I.djvu/237

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menaces qu’a apportées M. le ministre de l’Instruction publique, toutes les lois que vous annoncez — et que d’ailleurs vous ne proposerez pas — pour leur arracher brutalement l’éligibilité, pour réduire leurs garanties, tout cela ne vous servira de rien ; vous n’arrêterez pas dans l’Université le mouvement socialiste, vous ne le pouvez pas. Vous ne l’arrêterez pas parmi ces instituteurs qui, dans les agglomérations ouvrières, reçoivent, pour ainsi dire, l’idée socialiste des enfants qu’ils sont chargés d’enseigner. Vous ne l’arrêterez pas non plus dans l’enseignement secondaire, et, dans l’enseignement supérieur, vous êtes obligés, par les concessions que les partis les plus rétrogrades doivent faire aux idées nouvelles, d’instituer ces chaires d’économie sociale dans lesquelles l’idée socialiste sera affirmée au grand jour.

Et parmi la jeunesse qui se presse autour des chaires de vos professeurs et dans les réunions socialistes librement organisées, dans cette jeunesse française, pensez-vous arrêter le mouvement socialiste ? Est-ce que vous vous imaginez que ces étudiants d’aujourd’hui, qui se préoccupent avec passion du problème social, devenus professeurs demain, arracheront subitement de leur cerveau, pour vous plaire ou vous obéir, les idées socialistes qui commencent à y pénétrer ?

Je vous le demande, si vous retirez à cette jeunesse