Page:Jaurès - Action socialiste I.djvu/238

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d’étudiants qui, demain, sera l’Université enseignante, ce haut idéal du problème social à résoudre, quel est l’aliment que vous donnerez à son activité ? Est-ce que, comme il y a un siècle, ce sera l’attente de la guerre, dans laquelle vivaient les jeunes générations du premier Empire ? Oh certes ! les étudiants d’aujourd’hui seraient prêts, si le pays était menacé, à faire tout leur devoir. Mais vous êtes les premiers à leur dire que la guerre ne peut être qu’un horrible cataclysme, qu’on ne peut pas envisager avec une sorte d’allégresse héroïque, comme on le faisait autrefois, l’entregorgement, la tuerie des peuples et des races. Vous êtes les premiers à leur dire cela, et ils savent bien que, dans l’état actuel du monde et de la conscience humaine, la guerre ne peut avoir quelque grandeur et quelque légitimité morale que si elle apparaît dans le monde comme la défense des idées républicaines et socialistes contre les convulsions suprêmes du capital exaspéré ou des monarchies aux abois.

Et de même leur direz-vous de se tourner vers les manifestations artistiques ; mais il n’y a pas aujourd’hui une seule production de la puissance artistique, du génie français, du génie humain, qui ne soit imprégnée du problème humain, c’est-à-dire du problème social, depuis les Misérables de Hugo, jusqu’au Germinal de Zola, jusqu’à l’Impérieuse bonté de Rosny.

Est-ce que vous les laisserez, faute d’une grande