Page:Jaurès - Action socialiste I.djvu/252

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bien sa classe, quand il a préparé consciencieusement ses explications, quand avec une exactitude parfaite il a corrigé les devoirs, quand il s’acquitte de son métier, avec zèle, avec feu, quand il a là-dessus le témoignage unanime des élèves, des parents, du proviseur, du recteur, des divers inspecteurs, et quand le ministre, consultant son dossier, n’y relève que d’excellentes notes professionnelles, quand le professeur est d’ailleurs, à tous égards, d’une honorabilité parfaite, peut-il être encore par surcroît un citoyen libre ? Peut-il se mêler, en toute liberté, aux luttes politiques ? Ou, au contraire, aura-t-on le droit de le frapper, de le déplacer, de le révoquer parce que sa conception et son action politique déplairont à M. le maire, ou à M. le préfet, ou à M. le ministre de l’intérieur ?

Voilà la question posée, la vraie question : elle est assez délicate et complexe pour tenter le bon sens subtil de M. Sarcey ; je regrette qu’il en ait soulevé une autre, et je conviens d’ailleurs que cette autre il l’a résolue.

M. Sarcey semble croire que, quand un professeur s’occupe de politique, quand il s’intéresse aux élections, ou remplit lui-même un mandat, il crée d’emblée contre lui-même, au point de vue professionnel, un préjugé de négligence et d’inexactitude. C’est une erreur absolue. Le professeur qui est mêlé aux luttes politiques, qui vit, en quelque sorte, sous l’œil et la malveillance