Page:Jaurès - Action socialiste I.djvu/265

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à elle-même, à sa liberté d’esprit, l’Université irait au socialisme, et si elle invoquait contre ses propres éducateurs le bras séculier, ou si encore elle menaçait l’Université, coupable de libre examen envers le capital, d’une sorte de grève générale, elle s’abîmerait décidément dans le ridicule. Elle se bifferait elle-même de la liste des classes sociales viables.

Encore une fois, je prie les amis du gouvernement et de la bourgeoisie de ne pas insister sur ces objections. Examinons-les pourtant de plus près. La discipline gouvernementale ? Oui, en faisant, et librement, de la politique, le professeur peut compromettre la discipline gouvernementale telle qu’elle est aujourd’hui conçue et pratiquée, c’est-à-dire comme la main-mise des gouvernants, par la fonction, sur l’homme tout entier. Mais c’est là une discipline gouvernementale odieuse et surannée ; et ce ne sont plus ici seulement les professeurs et instituteurs qui sont en cause : ce sont tous les fonctionnaires, petits et grands ; et nous lutterons sans trêve, mes amis socialistes et moi, dans le Parlement, devant le pays, jusqu’à ce que nous ayons détruit cette tyrannie abominable de l’État patron et grand électeur sur ses agents, jusqu’à ce que nous ayons réduit la discipline gouvernementale à n’être plus que la discipline professionnelle. Je n’ai ni le temps ni la place de montrer aujourd’hui comment la conception du fonctionnaire doit se transformer et se pénétrer de