Page:Jaurès - Action socialiste I.djvu/305

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obligé l’Empire et la bourgeoisie conservatrice ou modérée à chercher dans l’Église un abri définitif ; mais tout le régime sombra dans un désastre extérieur avant d’avoir été acculé, par la logique des événements intérieurs, à une politique définitive.

Le lendemain, c’est contre toutes les forces du passé groupées par l’Église que la République a à lutter, et comment les « nouvelles couches sociales » arriveront-elles à la puissance politique et sociale, aux honneurs, à la fortune, aux grandes affaires de tout ordre, si elles n’éliminent pas, si elles n’écrasent pas les partis monarchiques, les représentants de la grande propriété foncière, la vieille bourgeoisie orléaniste et la bourgeoisie d’Empire maîtresse de toutes les fonctions ? Donc, guerre au cléricalisme ! guerre à l’Église ! et faveur à l’Université ! Ainsi, dans la longue bataille qui va de 1871 à 1889, l’Université a été la protégée, la favorite du parti républicain, de la bourgeoisie républicaine. Celle-ci, dans cette période première de combat et d’installation, n’avait pas peur du socialisme ; elle avait besoin au contraire du peuple ouvrier pour briser les anciens partis, et le peuple ouvrier lui-même semblait ajourner la revendication sociale pour donner toute sa force, toute sa pensée à la République en péril. Au demeurant, les hommes des « nouvelles couches » avaient, au début, plus d’appétits que de fortune ; et les hardiesses socialistes ne pouvaient