Page:Jaurès - Action socialiste I.djvu/323

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grondante, la France calme et armée, est-ce là pour nos voisins une ceinture de sympathies ? Ah ! certes, dans une guerre contre la Russie, l’Allemagne pourrait compter sur le concours de l’Autriche-Hongrie ; c’est qu’en vérité il n’y a d’autre occasion de conflit prochain entre la Russie et l’Allemagne que l’intérêt même de l’Autriche en Orient : c’est-à-dire que l’Autriche ne donnerait une alliance à l’Allemagne qu’après lui avoir donné une guerre. De ces alliances-là, nous aimons autant nous passer.

Quant à la Russie, elle déclare nettement et fièrement par ses journaux autorisés, depuis une semaine, que ni elle n’a d’alliances, ni elle n’en désire. Elle n’espère les sympathies de personne en Europe que de la France, et elle n’a de sympathies pour personne que pour la France ; mais de ces sympathies à une alliance il y a loin. Car toute alliance suppose un but précis ; or, ce but précis ne pourrait être que la guerre, et la guerre, ni la France ni la Russie ne la désirent. Elles se bornent donc, sans entente et sans traité, à un libre échange de bons offices : la France recommande aux délégués bulgares la déférence envers la Russie, et la Russie évite de s’engager à fond dans la question d’Orient, pour surveiller les manœuvres de l’Allemagne du côté des Vosges. Les confidences officieuses faites récemment par la chancellerie russe pourraient se résumer ainsi : « Il est dangereux d’avoir des