Page:Jaurès - Action socialiste I.djvu/491

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propositions précises et décisives, que la France n’a acceptées qu’après de longs ajournements et de longues hésitations.

Mais, aujourd’hui même, cette proposition d’autonomie crétoise, est-ce qu’elle est émanée de l’initiative de la France ? Messieurs, nous nous trouvons dans cette situation singulière que le gouvernement de la France républicaine entend le concert européen de tout autre façon que les autres gouvernements. Oui, les autres puissances, l’Angleterre elle-même, — et M. le ministre des Affaires étrangères avait raison de rappeler les discours de M. Balfour et de lord Salisbury, — ont déclaré qu’elles voulaient agir dans le concert européen et par lui seul ; elles ont déclaré que le concert européen supposait nécessairement une certaine subordination des vues particulières des puissances aux vues d’ensemble. Mais le lendemain même du jour où les ministres anglais faisaient cette déclaration, ils prenaient devant l’Europe l’initiative d’une proposition d’autonomie crétoise, qui donne à l’heure présente à l’Angleterre cette situation très forte, ou du moins cette apparence très heureuse, d’avoir apporté le premier règlement pacifique et humain de la question crétoise. Je demande au ministre de la République française pourquoi, lorsque dans le concert européen, sous sa condition fondamentale et dans ses limites, les autres