Page:Jaurès - Action socialiste I.djvu/521

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

républicaine auraient dû parler moins des droits du Sultan et se préoccuper davantage de l’intangibilité des populations. » (Applaudissements à l’extrême gauche.)

Je ne m’exagère pas, et j’espère que la Chambre ne s’y trompera point, la portée de ces paroles, mais vous savez tous qu’il faut, en Russie, pour que certaines affirmations de politique générale puissent se produire, le consentement gouvernemental. J’ai simplement le droit de conclure que si le gouvernement russe, pour les intérêts immédiats de sa politique en Orient, décourage les tendances nationalistes des peuples balkaniques, il laisse se produire, avec une complaisance dont plus tard il tirera parti, l’affirmation d’un sentiment contraire favorable à ces populations elles-mêmes. Eh bien, prenez garde qu’un jour, lorsque vous aurez déclaré solennellement à cette tribune que vous ne pouvez pas aller au secours des Crétois ou que vous ne pouvez pas ne pas vous associer à des mesures de coercition contre la Grèce, parce que la solidarité de votre politique avec la politique russe vous y oblige, prenez garde que dans l’avenir, lorsque votre discrédit auprès de ces populations orientales sera complet, et lorsque l’intérêt de la Russie sera d’avoir une autre politique, elle n’essaie précisément de rejeter sur la France, et sur la France seule, la responsabilité de l’attitude qui aura été prise par vous