Page:Jaurès - Action socialiste I.djvu/552

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glais ne cesse-t-il pas de jeter l’alarme, et les récentes révolutions de palais qui à Pékin ont grandi l’influence russe l’ont exaspéré. Ah ! s’il était possible de mater la France en Afrique, la Russie en Asie, et grâce au prestige de cette double victoire, de contenir ensuite et de resserrer l’expansion économique de l’Allemagne !

Voilà le rêve des grands capitalistes de Londres ; et, tout en se gardant des entraînements belliqueux, lord Salisbury, qui est le chargé d’affaires du capitalisme anglais, a annoncé bien haut au monde que l’Angleterre saurait partout affirmer sa force. Il est évident, par le discours de Guildhall, que le ministère anglais compte sur l’alliance des États-Unis. Ceux-ci, en s’annexant les Philippines, vont pénétrer dans la sphère des intérêts asiatiques ; il est certain que des Philippines ils voudront agir sur la Chine, y obtenir des concessions et s’y ouvrir des débouchés ; on a remarqué sans doute que les États de l’Ouest qui avaient voté jusqu’ici contre M. Mac-Kinley et sa politique viennent au contraire de donner beaucoup de voix à ses candidats ; la côte surtout a voté pour la politique « républicaine », pour la politique de conquête et d’expansion ; évidemment, les ports américains du Pacifique espèrent que l’annexion des Philippines et la politique asiatique de Mac-Kinley vont créer entre l’Extrême Orient et eux tout un mouvement d’échange, et qu’ils pourront rivaliser avec les