Page:Jaurès - Action socialiste I.djvu/553

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ports de l’Atlantique. Il est clair, par le discours de lord Salisbury, que l’Angleterre, pour s’assurer le concours des États-Unis contre la Russie, leur a promis d’aider au développement de leur influence en Extrême Orient ; comme déjà le Japon est acquis à la politique anglaise, lord Salisbury fait entendre au monde qu’au besoin la coalition de l’Angleterre, des États-Unis et du Japon pèsera sur le destin des peuples.

Les dirigeants anglais, si souvent accusés de tiédeur par les chauvins exaltés, céderont-ils à la tentation de mettre en mouvement ce formidable appareil de forces, et voudront-ils jouer une grande et décisive partie ? C’est possible : et les armements qui continuent en Angleterre, les difficultés qui s’aggravent, au sujet des Philippines, entre l’Espagne et les États-Unis, tout nous avertit de nous tenir en garde. Pourtant, par bonheur, bien des obstacles s’opposent à ce plan d’agression systématique. D’abord il n’est pas assuré qu’il rencontrerait l’adhésion générale de la nation anglaise : tous les partis se sont groupés pour le malencontreux incident de Fashoda ; mais là nous étions dans notre tort ; il n’est pas sûr que pour une grande guerre de rapine capitaliste toutes les forces de l’opinion anglaise se retrouveraient d’accord. En second lieu, cette gigantesque aventure ne serait pas sans péril pour l’Angleterre : par ses violences, elle créerait vraiment l’alliance franco-russe qui n’a été