Page:Jaurès - Action socialiste I.djvu/555

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s’étend aussi, et elle tient maintenant sous son ombre tous les champs que labourent les hommes, toutes les cités où ils trafiquent, toutes les mers que creusent leurs vaisseaux. L’humanité n’échappera à cette obsession de meurtre et de désastre que lorsqu’elle aura substitué au désordre capitaliste, principe de guerre, l’ordre socialiste, principe de paix.

C’est vers cette révolution bienfaisante que nous marchons ; et nous sommes bien assurés de la victoire finale du socialisme. Le Capital même y travaille ; car à force de se créer des débouchés nouveaux, il aura bientôt conquis et assimilé toute la terre ; or, partout, les peuples, pénétrés par le Capitalisme, entrent à leur tour dans le système de la grande production industrielle. Lorsque tous les peuples produiront, lorsque la concurrence capitaliste sera portée au maximum, il n’y aura plus qu’un moyen de créer des débouchés nouveaux : ce sera d’appeler à une plus large consommation le peuple même qui travaille ; il faudra donc lui laisser tout le produit de son travail, ce sera la fin du Capitalisme, et la richesse créée par les prolétaires, après s’être répandue jusqu’aux extrémités de la planète et s’être brisée aux derniers rivages, refluera nécessairement vers eux. Mais il importe, dans la période de trouble, de confusion et de convoitise qui précède l’avènement socialiste, d’épargner le plus possible aux hommes les hor-