Page:Jaurès - Action socialiste I.djvu/77

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gens, ingénieurs, industriels, architectes, dessinateurs, chimistes, que de développer pour les tisserands, pour les menuisiers, les charpentiers, les ébénistes, les maçons, cette éducation professionnelle qui fera du travail des mains un éveil presque constant et une joie de l’esprit !

Et croyez bien que, lorsque l’homme a acquis dans la vie quotidienne le sentiment de sa valeur propre, de la valeur de l’intelligence et de l’esprit, il porte ce sentiment en toutes choses : dans la conduite de la société, qu’il dirige pour sa part en citoyen libre, dans la conception du monde, où il cherche et retrouve sans efforts le meilleur de lui-même, c’est-à-dire la pensée. Lorsqu’un homme, si humble qu’il soit, sait jusque dans l’intimité de sa vie et dans la familiarité de son travail ce que vaut l’esprit, il est apte à tout comprendre. Car, qu’est-ce que l’art, sinon la manifestation multiple et symbolique de l’esprit ? Qu’est-ce que la philosophie, sinon le sens, la perception de ce qui est l’esprit dans le monde ? Alors, la jeunesse pensante pourra communiquer au peuple tout ce qu’elle porte en elle, et elle aura cette joie sublime d’amener tous les hommes à la plénitude de l’humanité.