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HISTOIRE SOCIALISTE

d’une pique. Il donne l’assaut à l’hôtel des gardes du corps, le force et le pille, et il donne la chasse aux gardes du corps, qui s’enfuient jusque dans la cour du château ; puis, entraîné en effet par cette sorte de chasse, il gravit l’escalier et pénètre jusque dans l’appartement du roi. La reine, réveillée en sursaut, se réfugie auprès du roi ; le peuple essaie de désarmer les gardes du corps qui étaient de service dans l’antichambre ; des gentilshommes, des gardes nationaux accourent et protègent l’appartement du roi. Lafayette, averti un peu tard, arrive aussi en toute hâte.

Joseph II, empereur d’Autriche (voyageant sous le pseudonyme de comte de Falckenstein).
(Musée Carnavalet).


Les aristocrates l’accusèrent d’avoir dormi pour livrer le roi à des forcenés. « Il a dormi contre son roi », dirent-ils ; l’accusation était absurde. Lafayette, gardien de la Révolution contre les entreprises de la Cour, et gardien de la famille royale contre les violences du peuple avait le rôle qui flattait le plus son orgueil. Accablé de fatigue et d’émotion, trompé d’ailleurs par le calme apparent du peuple, il manqua seulement de prévoyance. Il décida le roi à se montrer avec la reine et le dauphin au balcon qui donnait sur la cour.