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Page:Jaurès - Histoire socialiste, III.djvu/216

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aux dirigeants anglais. Mais les adresses se multipliaient. Le 10 novembre, lecture était donnée à la Convention de l’adresse « des Amis du peuple et de la Grande-Bretagne de la ville de Newington ». Ceux-là aussi sont surtout préoccupés de réformer le mode d’élection du Parlement, d’en finir avec un système oligarchique et d’assurer la représentation légale de tout le peuple, notamment de la bourgeoisie industrielle sacrifiée aux grands propriétaires fonciers : « Français et citoyens du monde : Réunis à l’effet d’obtenir une représentation juste et égale du peuple et une réforme entière des abus nombreux qui se sont glissés dans le gouvernement de ce pays, nous voyons avec autant de peine que d’inquiétude, les efforts ouverts ou cachés qu’on ne cesse de faire pour troubler la paix et renverser la liberté nouvelle de la nation française.

« Nous vous félicitons cependant bien cordialement de la défaite et de l’expulsion totale des armées combinées, de ces despotes ingrats, de ces rebelles impies qui sont venus porter la désolation dans vos campagnes, le ravage dans vos villes et massacrer impitoyablement leurs innocents habitants. La bonté de votre cause devait être couronnée de succès ; votre sagesse, votre bravoure l’ont assuré… Vous avez donné une preuve de votre sagesse consommée, en déclarant que les pouvoirs judiciaire et exécutif seraient respectivement responsables au grand Conseil de la nation. C’est désormais en France que la justice sera administrée à peu de frais, que le commerce, sous vos lois salutaires, sera utilement protégé et que les propriétés de l’industrie seront partout assurées.

« Sénateurs illustres, législateurs éclairés, chers amis, nous pouvons vous informer aujourd’hui, et avec une satisfaction bien vraie, que l’inimitié impie si longtemps et si méchamment entretenue dans le cœur d’un peuple généreux contre la nation française, par les manœuvres et l’intrigue d’une cour, n’existe plus que dans l’âme des pervers qui profitent des abus ; et que nous saluons d’avance avec transport l’heureux moment qui unira les deux nations d’un lien indissoluble, comme le précurseur de la paix et de la concorde universelle.

« C’est avec la plus vive et la plus profonde sensibilité que nous contemplons le succès de vos armes dans votre entreprise glorieuse d’arracher à l’esclavage et au despotisme les braves nations qui bordent vos frontières. Combien est sainte l’humanité qui vous porte à briser leurs fers ! »

(Signé par John-Frederic Schiefer, président, et François Peacock, secrétaire).

Chez tous, c’est le même sentiment que si la France libérée et victorieuse pouvait s’allier à l’Angleterre, enrichie par l’exemple même de la France d’un supplément de liberté, ces deux grands peuples unis assureraient la franchise du monde. Ceux-ci ne craignent pas d’encourager la guerre de propagande. Ainsi, tout contribuait à entretenir, à la Convention, la fièvre