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Page:Jaurès - Histoire socialiste, IV.djvu/197

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les marchands jacobins pas plus qu’il n’y avait eu de parti pris de les attaquer spécialement. Chaque observateur, selon le hasard des faits dont il avait été témoin dans un mouvement étendu et confus, croyait démêler telle ou telle tendance : la vérité est que le mot d’ordre était : « Contre tous, qu’ils soient Jacobins ou Feuillants : ils sont tous des marchands. » C’est précisément cette indifférence politique à l’égard de la classe mercantile qui caractérise la pensée de Jacques Roux.


Encrier en faïence de Camille Desmoulins.
(D’après un document du Musée Carnavalet).


Les Jacobins voient plus juste, lorsqu’ils signalent que les quartiers les plus anciens ne bougèrent pas ; et ceci est une confirmation décisive de ce que j’ai dit plus haut sur le caractère petit bourgeois du mouvement de février et du parti nouveau :

« Une circonstance très remarquable, dit l’adresse, c’est que les quartiers où le civisme est le plus ardent, le peuple moins aisé et plus nombreux n’en ont pas ressenti les effets. Dans le faubourg Saint-Marceau aucun marchand n’a été inquiété : c’est en vain que des protestataires, à la tête de femmes venues des quartiers éloignés, se sont portés au faubourg Saint-Antoine : ils n’ont pu entraîner les bons et vigoureux citoyens qui l’habitent. Voilà le peuple de Paris. »