essentielle du programme lyonnais et du programme de Jacques Roux était pour celui-ci une grande joie. Le programme lyonnais était plus vaste, puis-qu’il comprenait une tarification des salaires que Jacques Roux, l’homme des petits ateliers autonomes, ne semble pas avoir demandée. Mais le Conseil de la Commune lyonnaise, en mars, demande, comme les sections inspirées par Roux, la taxation des grains, l’interdiction du commerce de l’argent ; il demande aussi que les assignats soient garantis par une hypothèque sur l’ensemble des propriétés foncières et mobilières de la République.
C’était intéresser toute la bourgeoisie possédante à soutenir la Révolution et le crédit de l’assignat : « Le propriétaire aristocrate, tremblant pour sa fortune, responsable du crédit national, sera peut-être converti à la Révolution, et alors le commerce retrouvera son antique lustre. »
Si le Conseil de la Commune se bornait alors à demander la taxation des grains, la pensée du peuple révolutionnaire de Lyon allait bien au delà : dès septembre, les citoyennes de Lyon avaient publié une affiche qui était un tableau général du maximum : c’est, je crois, la première application étendue qui en ait été faite, ou tout au moins le premier essai. Elles y taxaient le prix du riz, de l’orge, des pois, des haricots, des lentilles, des fèves, du vin nouveau, du vin vieux, du charbon de bois, du charbon de terre, de la charbonnaille, du bois de chêne, du bois de fayard, du bois de tremble, des fagots, des cottrets, de l’huile fine d’olive, de l’huile mi-fine d’olive, de l’huile d’olive à brûler, de l’huile de noix vierge, de l’huile dite commune, de l’huile de navets, des chandelles, du savon blanc frais, du savon gris sec, du fromage de Gruyère vieux, du nouveau, du fromage de Sassenage, de Gex bleu, du fromage ordinaire, du vermicelle, du fromage de chèvre, de vache, du fromage blanc, des bottes de raves, des pommes de terre rouges des pommes de terre blanches, des raisins, des pêches fines, des pêches communes, des belles poires Beurré et Bon-Chrétien, des poires et pommes communes, des belles pommes rainettes, des gros marrons, des châtaignes, du poivre, du sucre fin, du sucre commun, de la cassonade, du café moka, du café commun, des balais de jonc doubles, simples, du jambon ou petit salé, du lard ou de la graisse blanche, de la graisse à la daube, du vinaigre.
C’est la taxation générale des comestibles, et les citoyennes avertissaient les cultivateurs et les marchands qu’elles ne respecteraient la propriété, champs et boutiques, que de ceux qui se conformeraient à la taxe. Ainsi, sans qu’il y eût entente directe, la pensée de la démocratie révolutionnaire lyonnaise rejoignait celle de Jacques Roux, et celui-ci, malgré les résistances où il se heurtait, malgré les attaques et les désaveux qu’il subissait, prenait sans doute conscience de sa force.
La Révolution, devant ce mouvement, semble prise d’inquiétude ; elle paraît craindre pour la propriété. Aux Jacobins, les déclamations de Benta-