core pu parvenir à faire tirer le canon d’alarme, et qu’il y a eu un contre-ordre de la part du maire.
« Le vice-président répond que lorsque le maire a donné cet ordre, la puissance révolutionnaire n’était pas encore établie, et que le maire a fait son devoir en cette circonstance.
« La séance est toujours permanente, il est une heure après-midi. »
C’est à ce moment, entre une heure et deux, que le canon tonne enfin. Il me semble qu’on peut dégager de ce compte rendu la vérité exacte. Évidemment, le maire redoutait que le canon d’alarme déchaînât des paniques meurtrières. Quand il avait su, dans la nuit du 30 au 31, que l’Évêché préparait un mouvement, il avait deviné sans peine que le premier acte du Comité insurrectionnel serait d’éveiller Paris par la sonnerie du tocsin et par la sonnerie du canon, celle-ci plus redoutable. Et c’est alors, c’est avant que les délégués des sections eussent, au nom du peuple, brisé et réinvesti la Commune, c’est avant « que la puissance révolutionnaire fût établie », qu’il avait fait parvenir aux canonniers l’ordre de ne livrer à personne la voix dormante du canon.
Pache l’indique lui-même avec beaucoup de précision à la Convention :
« J’ai donné ordre, ce matin, au commandant provisoire de rassembler le plus de réserves possible, de doubler les gardes de poste aux établissements publics, tels que la Trésorerie, ainsi que le poste du Pont-Neuf, afin d’empêcher qu’on ne tirât le canon d’alarme.
« J’ai rendu compte au Comité de salut public de la situation de Paris ; de retour au Conseil général, j’y ai trouvé les commissaires de la majorité des sections, qui nous ont déclaré être chargés de suspendre la municipalité. »
Il est donc bien clair que l’ordre de Pache relatif au canon d’alarme avait précédé, en effet, la crise révolutionnaire de la Commune.
C’est contre cet ordre que se heurtent les premiers délégués révolutionnaires, et Henriot lui-même. Et les hésitations, le malentendu se prolongent jusqu’à midi.
Certes, ni le Conseil de la Commune, ni le maire n’ont mis un grand empressement à forcer ces résistances et à éclaircir ce malentendu. Cependant, il n’est pas vrai de dire qu’ils se soient opposés, par scrupule de légalité, aux entreprises de l’Évêché. Au contraire, le Conseil général de la Commune donne au Comité révolutionnaire séant à l’Évêché mandat formel et régulier de tirer le canon d’alarme. Et pour que Paris se rendît bien compte que ce n’était point là la fantaisie téméraire d’un comité insurrectionnel, mais un acte révolutionnaire concerté, la Commune ordonne que le tocsin sonne en même temps à l’Hôtel de Ville. C’était associer la responsabilité de la Commune, par le tocsin municipal, au grondement d’alarme qui allait ébranler Paris. Et sagement, la Commune se préoccupe d’éviter le renouvellement des massacres de septembre : elle met une forte garde aux prisons. Il est vrai qu’elle n’ose pas dire que c’est par humanité : c’est pour