de valeur qu’on peut acquérir avec elles tous les objets que je viens de nommer.
« — De qui les hommes tiennent-ils le titre en vertu duquel ils se sont emparé et approprié tous les objets ?
« — De leur avidité naturelle, de leurs excès, de leur orgueil, de leurs désirs insatiables, de leurs violences, de leurs fourberies, de leurs impostures, et en un mot de tous les vices de leur constitution naturelle, dont il aurait fallu qu’ils fussent garantis par l’éducation.
« — Mais ce ne sont pas là des titres, au contraire.
« — Cela est vrai, mais puisqu’il ne paraît pas que la nature et son auteur en aient donné aux hommes arrivant tout nus sur la terre, il a bien fallu que leur égoïsme aveugle et sans expérience leur en fît imaginer pour légitimer les usurpations que les plus forts ont faites du pouvoir terrestre, et les plus fins et les plus rusés, du pouvoir céleste, afin d’asservir à leur ambition les plus faibles et les plus crédules, et qu’ils aient inventé l’or et l’argent pour faire un trafic des possessions et des biens de la terre et du ciel comme ils ont fait.
« — Les hommes se sont-ils bien trouvés de ces arrangements ?
« — Au contraire, ils en ont été bien punis, puisque depuis, et par une suite nécessaire de cet arrangement, ils n’ont cessé de se diviser, de se disputer, de se dégrader, de se voler, de se tromper, de s’empoisonner et de se détruire les uns par les autres.
« — Quels sont donc les inconvénients de la propriété des terres ?
« — Du partage des terres est né le droit exclusif d’en jouir, et par conséquent de bannir les races futures du globe terrestre, de faire mourir de faim, de soif et de froid ceux qui n’ont pas de propriétés, si mieux n’aiment ces derniers se rendre esclaves des propriétaires, et ces derniers les agréer en cette condition, sinon pendus comme voleurs, ou empalés ou rompus vifs comme assassins, ainsi que cela se pratique encore aujourd’hui. »
Et la ruse de ceux qui ont capté les puissances célestes a consolidé, tout en l’exploitant, le privilège de la force.
« — Quels inconvénients ont pu produire les actes par lesquels les gens les plus fins et les plus rusés se sont emparés des puissances célestes ?
« — C’est d’avoir comme anéanti toute espèce de retour de la part des hommes vers la nature et son auteur, seuls capables de les éclairer et de les conduire au vrai bonheur, en consacrant, par leurs prestiges, leurs impostures et leurs sortilèges, tous les actes par lesquels les plus forts et les plus féroces s’étaient emparés des terres, des femmes et des hommes, afin d’éterniser la dégradation, le malheur et la destruction des peuples et de partager les dépouilles comme il se pratique encore aujourd’hui. »
Voilà la fonction sociale de la religion.
Les religions sont « les moyens et les institutions qu’ont établis originai-