rement chez les différents peuples les plus fins et les plus rusés, afin de commander à la férocité des plus forts et à la stupidité des plus faibles, au nom de la divinité qu’ils ont fabriquée et fait parler comme ils ont voulu.
« — Quels sont ces moyens ?
« — Ce sont les mêmes que ceux que nous appelons encore magiciens, sorciers, convulsionnaires, charlatans, escamoteurs, ont employés et emploient encore aujourd’hui pour se faire valoir et en imposer à la multitude naturellement crédule, et plus grossière dans les premiers temps qu’aujourd’hui que les sciences et les arts nous ont acquis plus d’expérience et de lumière.
« — Quelles peuvent être leurs institutions ?
« — Premièrement pour s’emparer de l’esprit et du cœur des grands propriétaires par tous les moyens les plus capables de flatter leur orgueil et leur égoïsme, ils en ont fait des dieux.
« Secondement ils ont institué les dieux de la guerre et érigé en vertus sublimes tous les actes par lesquels les peuples se sont égorgés, en se tenant toujours eux seuls derrière le rideau, à l’ombre de leurs autels et sous la garde des dieux, jouissant, par l’absence de la belle jeunesse et de leur roi, de toutes les vierges, de toutes les femmes et de toutes les productions de la terre, et se partageant les dépouilles des vainqueurs et des vaincus dont on s’empressait de venir faire hommage à leurs dieux.
« Troisièmement, afin de contenir la férocité des propriétaires et des jeunes gens d’un ordre inférieur ils ont institué le dieu des enfers, avec des récompenses éternelles pour les bons et des peines éternelles pour les méchants. Quant au ciel qu’ils ont réservé pour la demeure des dieux, ils en ont gardé les places pour les personnages qu’ils avaient le plus d’intérêt de se ménager et de se concilier, comme étant ceux qui s’étaient emparés de la puissance terrestre, en faveur desquels ils en avaient eux-mêmes institué le droit, au nom des dieux, afin de maintenir leurs désastreuses institutions.
« 4o Ils ont institué l’obligation d’adorer les mêmes dieux…
« 5o Ils ont institué des fêtes…
« Telles sont les principales institutions des religions anciennes et modernes qui ont rendu sacré l’établissement du droit de propriété, du mariage et des religions, de façon qu’il n’a jamais été permis d’attaquer, ni par pensée ni par parole ni par action ni par omission, l’ordre mercenaire, homicide et antisocial qui a égaré dans tous les temps les peuples, même les plus éclairés, ni de murmurer contre les lois établies pour son maintien, sans se rendre coupable du crime de lèse-majesté divine et humaine et d’être brûlé éternellement dans les enfers de l’autre monde après avoir été brûlé, pendu, rompu, empalé, fouetté, marqué et condamné aux galères dans les enfers et par les diables de ce monde-ci, que cet ordre monstrueux n’a pu qu’engendrer. »
En vain dira-t-on que les religions mêlent à leurs institutions mons-