Page:Jaurès - Histoire socialiste, IV.djvu/716

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prit panthéistique et d’esprit chrétien ! Cet ennemi si âpre de toutes les religions s’abîme dans l’adoration de Dieu. Et il associe à cet acte d’adoration d’innombrables êtres inconnus :

« L’homme est-il le seul être dans la nature capable de jouir de cette contemplation ? — Cela n’est pas présumable ; le globe terrestre n’est pas le seul, le soleil en éclaire sept autres : les étoiles fixes qui sont autant de soleils peuvent en éclairer une infinité d’autres ; qui peut mettre des bornes à la puissance infinie de Dieu ? L’homme ne peut être celui de tous les êtres qui jouisse le mieux de cette contemplation. »

Réduire tout ce qui est à n’être qu’une modalité de la substance divine, c’est couper les voies à l’athéisme :

« Cette opinion que tout est divin ne favorise-t-elle point l’athéisme ? — Au contraire ; mais ce qui le favorise beaucoup c’est l’opinion qui admet une autre substance que celle de la divinité. »

Et rien n’empêche que les âmes humaines, bien qu’elles soient, non des substances particulières, mais des modes de Dieu, soient immortelles. Les modes spirituels de Dieu peuvent être impérissables comme les modes matériels ; la matière se transforme et ne périt pas. De même l’esprit. Il se transforme et se renouvelle comme les modes matériels auxquels il est lié ; et le progrès indéfini des existences humaines sous des modes qui nous sont encore inconnus, mais auxquels ne répugne pas l’inépuisable nature, complète et prolonge le progrès social de l’humanité sous le mode terrestre. La femme est en quelque sorte l’intermédiaire entre la vie terrestre et la vie inconnue. Elle est dans la vie présente la grande force de progrès et d’idéal ; elle est en même temps par l’espoir infini du bonheur qu’elle éveille, l’initiatrice de mondes plus vastes.

« Il paraît évident que le souverain maître de l’univers a placé dans la femme les moyens d’opérer le bonheur de notre destinée présente, comme le présage et l’avant-coureur, par son jeu de durée, d’une destinée après celle-ci, infiniment plus heureuse et plus durable, dont les moyens ne peuvent exister que dans la toute puissance et s’effectuer que par les bontés infinies de l’Éternel ami… Ce n’est que dans la femme que la nature et son auteur ont établi la main d’œuvre du genre humain. »

Élever les femmes de telle sorte qu’elles puissent remplir toute leur mission naturelle et divine, les glorifier et étendre ainsi sur toute la société cette influence passionnée et sainte qui, se substituant aux mobiles grossiers d’action, à l’appétit du lucre, à la fureur de l’ambition, permettra d’harmoniser dans l’ordre communiste les efforts de tous, voilà le premier, le plus essentiel devoir de la société :

« Où élèvera-t-on les mères et les filles

« — Dans des temples magnifiques.

« — Pourquoi dans des temples ?