Page:Jaurès - Histoire socialiste, V.djvu/245

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

C’est que, je le montrerai plus loin, les ouvriers pouvaient alors poser leurs conditions. Je me bornerai ici à une citation qui prouve à la fois le manque de main-d’œuvre et le manque de machines dans notre période ; il s’agit d’un mémoire envoyé, le 29 fructidor an VI (15 septembre 1798), par une « société des sciences et des arts » à l’administration centrale du Lot (Forestié, Notice historique sur la fabrication des draps à Montauban, p. 38) et dans lequel on lit : « La main-d’œuvre étant très rare et chère, il serait bien important de provoquer et de favoriser l’invention de toutes les machines qui tendraient à suppléer l’homme ». Enfin, un rapport du 1er messidor an XI (20 juin 1803) établit que, même à cette date, la grande usine n’existait guère chez nous et que le machinisme y était encore d’un usage très restreint (Révolution française, revue, numéro du 14 juillet 1903).

Vue de la Pompe à feu de Chaillot.
(D’après une estampe du Musée Carnavalet.)


La Convention s’occupa de favoriser les diverses industries ; mais, comme c’était son devoir urgent, elle développa surtout celles qui contribuaient directement à la défense nationale. On se préoccupa de satisfaire avec les produits indigènes à tous les besoins de la marine. L’extraction du salpêtre, son épuration, la fabrication de la poudre furent perfectionnées et plus que décuplées. En même temps, on découvrait le moyen de réparer sur place les lumières des canons évasées par un tir fréquent. On avait alors le canon à âme lisse et se chargeant par la bouche (système Gribeauval de 1765) dont la portée utile était au plus de 800 mètres, et le fusil à pierre (système de 1777) qui ne portait que jusqu’à 240 mètres et permettait de tirer au plus cinq coups