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la Trésorerie nationale. Cette loi, qui retirait les mandats de la circulation, fut étendue, par la loi du 22 pluviôse an V (10 février 1797), aux assignats de 100 livres et au-dessous, assimilés aux mandats « sur le pied du trentième de leur valeur nominale », ce qui revenait à accepter 3 000 livres en assignats pour 20 sous.

On avait précédemment réglé, après d’interminables débats, la question des payements entre particuliers : la loi du 15 pluviôse an V (3 février 1797) portait que toutes les rentes, pensions et capitaux fondés sur des titres antérieurs au 1er juillet 1790, échus soit à cette époque, soit depuis le 1er vendé-maire an V (22 septembre 1796), ou échéant après le 15 pluviôse, date de la loi, pourraient être exigés en « numéraire métallique ». Pour tous les titres de la période intermédiaire, ne seraient exigibles en numéraire que les dettes expressément stipulées payables ainsi. Enfin la loi du 5 messidor an V (23 juin 1797), déjà citée tout à l’heure, ordonnait, afin de faciliter le règlement des transactions passées entre particuliers pendant la période du papier-monnaie, que des tableaux de ses valeurs successives seraient dressés dans chaque département, et j’ai déjà mentionné (fin du chap. vi) la Collection générale de ces tableaux d’après laquelle (p. 330, x et xi) voici, pour la dernière décade des mois révolutionnaires, ce que valaient 100 livres en assignats de ventôse à prairial an IV, en mandats de germinal an IV à nivôse an V : pour les assignats, 8 sous en ventôse et en germinal an IV (mars et avril 1796), 6 sous en floréal (mai) et 3 sous et demi en prairial (juin) ; pour les mandats, 17 livres 11 sous en germinal an IV (avril 1796), 11 livres 11 sous en floréal (mai), 8 livres 7 sous en prairial (juin), 5 livres 10 sous en messidor (juillet), 3 livres 8 sous en thermidor (août), 4 livres 10 sous en fructidor (septembre), 4 livres 3 sous en vendémiaire an V (octobre), 3 livres 4 sous en brumaire (novembre), 2 livres 8 sous en frimaire (décembre), 2 livres 2 sous en nivôse (janvier 1797).

« Il faut observer d’ailleurs, disait Crassous à la séance des Cinq-Cents du 4 frimaire an IV (25 novembre 1795), que l’or et le blé sont constamment restés avec les assignats dans une tout autre proportion que le reste des denrées ; car ces marchandises sont à l’assignat comme un est à cent cinquante ; tandis que d’autres objets, la viande par exemple, n’est encore à l’assignat que comme un est à quarante. »

À la fin du chap. vi, j’ai rapproché, des variations du papier-monnaie par rapport au numéraire, les variations du prix d’une marchandise — un abonnement trimestriel au Moniteur — pendant l’an III. Voici, pour achever la comparaison, quelles furent les variations de cet abonnement en l’an IV. Désormais le même pour Paris et les départements, son prix était de 250 livres, à partir du 1er brumaire (23 octobre 1795) ; de 500 livres à partir du 1er frimaire (22 novembre 1795) ; de 1 000 livres, à partir du 1er nivôse (22 décembre 1795), et de 18 livres seulement pour ceux « qui préféreront payer